Les 18 et 19 juin 2009, le Parisien Jean Michel Richefort qui file vers la soixantaine, tentera de courir à vélo durant 24h au vélodrome Jacques Anquetil du Bois de Vincennes, anciennement connu sous le nom de « la Cipale ».

L’objectif sera de parcourir 600 km, soit 1200 tours de la piste non couverte, sur un vélo à pignon fixe et, via les supporters, de récolter 6000 euros pour financer trois tandems destinés aux mal-voyants de la STAARP.

Ne lui en déplaise, il nous revient de préciser de préciser que, brillant cyclosportif, Jean Michel est atteint d’un kératocône évolutif qui lui fait perdre la vue et, pour l’instant, le cantonne à la piste.

02) Difficile de résumer la « carrière cycliste » de Jean Michel qui n’a cependant pas été coureur professionnel. Il est professeur de sport délégué par le Ministère de la Jeunesse et Sports comme Directeur Technique National auprès de la FFCT.

Auteur de nombreux articles dans la presse spécialisée et auteur d’ouvrages didactiques dont le dernier s’intitule « Le Vélo pour Tous », Jean Michel est, homme courtois et modeste donc attachant, expert sportif reconnu des organismes institutionnels.

03) Impossible de le méconnaître si l’on côtoie les personnalités du monde cycliste où la dimension sportive et touristique se fonde sur l’école du courage.

Ainsi le retrouve-t-on, sous la vareuse du bénévole, aux côtés de Pierre Théobald président de l’Audax Club Parisien et de Robert Lepertel fondateur des Randonneurs Mondiaux, à l’issue du Paris-Brest-Paris 2003.

04) Passionné des sports de pleine nature et pratiquant du vélo sous toutes ses formes, et sous toutes les latitudes, il a bouclé 5 Paris-Brest-Paris randonneur, tous en moins de 50h..

Dont, « mon plus facile » dit-il, celui de 1995 avec 1230 km couverts en 44h12’. Pas mal, non ?

05) Rien n’est simple. Si la photo précédente fut prise furtivement à Fougères, sur le retour, ce cliché le surprend au ravitaillement de Tinténiac, au cours de la seconde nuit.

Moment de réconfort mais avec un doute évident dans le regard. Pourtant… tout s’est bien terminé.

06) Conscient de ne pas pouvoir faire mieux (en temps), il se retrouve, avec les encouragements de son épouse Pascale, au départ du PBP 1999 motivé par nouvelles ambitions.

07) Il est en effet associé au jeune Thierry Voet (29 ans) pour un Paris-Brest-Paris sur tandem Jacky, bouclé en 49h.

Belle performance pour des novices dans cette discipline.

08) Pourtant il se souviendra pourtant longtemps de la question « qui tue » du débonnaire et amical Roger Baumann, ancien recordman de l’épreuve, au contrôle d’arrivée :

« Pourquoi n’avez-vous pas fait mieux ? »

09) En 2000, dans le cadre du centenaire de l’UCI, il parcourt un Paris-Lausanne qui lui vaut d’être entouré par les deux grands champions italiens que furent Claudio Chiapucci et Gianni Bugno.

Un bref exemple de ses bonnes relations avec le milieu des courses.

10) Regard furtif sur le passé professionnel de Jean Michel Richefort qui s’est toujours appliqué à utiliser le cyclisme comme école d’éducation ou le contraire, à savoir former les jeunes au cyclisme.

Ici au Parc de Saint Cloud, en 1981, avec les gosses du célèbre club parisien C.C. Boulogne-Billancourt.

11) Notre sportif est passé par la bonne école de l’allure Audax. « Longue distance à 22,5 km/h ? Une école d’endurance, de régularité et de convivialité », assure-t-il.

On le voit ici, aux côtés d’Odette Galvaing, menant la troupe du Paris-Brest-Paris de juin 1986.

12) Et puis suivons le dans la cyclosportive de ses terres d’origine, la Limousine, en 1993 : « C’était l’époque où les côtes paraissaient faciles », sourit-il.

C’était aussi la grande époque des cyclosportives de masse. Il en a bouclé 182, toutes ponctuées de la médaille d’or !

13) De l’or donc lors de la Louison Bobet au départ de Valloire en 1994.

Passage au Galibier.

14) La volonté d’éduquer, la pédalée légère, le souhait d’un vélo raisonné, un look avenant et la plume légère font faire que Jean Michel se retrouve auteur de maints articles et ouvrages de vulgarisation.

Il contribue ainsi à faire rouler les vélos. Le voici en couverture de la revue Le Cycle en 1994.

15) Des vélos de haut de gamme, il en a testé plus de 100 pour les magazines comme Le Cycle, Vélo Tonic et Cyclo Passion, où il collabore toujours.

Mais son avis est tranché : « Le Pilorget Titane que j’ai testé en 1996 fut le meilleur de tous ! »

16) En fait il apprécie beaucoup la création des couturiers passionnés et passionnants que sont nos grands artisans.

Ainsi le vélo Preuss, du nordiste Bernard Preuss, fit-il sensation (à l’époque) avec sa légèreté : 7,8 kg. C’était avant le Carbone que Preuss maîtrise également.

17) L’évolution Métal, un peu révolutionnaire, préconisée c’était alors l’aluminium.

Article de 2003 dans Cyclo Passion.

18) Autre exemple d’essai paru dans Cyclo Passion sur le Look KG 461 en 2004.

Tout l’art de qualifier les bêtes de course : « Fiable et dynamique ».

Tout comme l’essayeur !

19) Et puis, là encore parmi des centaines, des articles sur la vertu éducative du vélo.

Dont ce dossier, in Le Cycle en 1993, sur les jeunes et le cyclisme.

Pour que le rêve devienne réalité.

20) Par ses compétences et sa fonction de DTN délégué par le ministère auprès de la Fédération Française de Cyclotourisme, Jean Michel Richefort s’est trouvé très impliqué dans la mise en route puis dans l’encadrement du Paris-Pékin.

D’où sa présence à trois reprises dans l’aventure. Ici en Hongrie.

21) Puis grand moment cycliste quand, au titre.d’ambassadeur du sport, il reçoit le maillot de Moldavie.

Maillot remis par le ministre des Sports qui n’est autre que l’ancien champion Andreï Tchmil … vainqueur du Paris-Roubaix 1994.

22) Troisième intervention sur Paris-Pékin, il participe à l’encadrement des 30 jeunes cyclotouristes FFCT et les accompagne sur les 1350 km de Xian à Pékin.

Ici l’accueil du groupe au Club France installé à Pékin durant les jeux Olympiques.

23) Séquence émotion, quand notre héros se présente cyclant aux côtés d’Alexandre, son garçon.

Lequel Alexandre Richefort figure lui aussi parmi les essayeurs de vélo dans Cyclo Passion.

24) Puisque la passion du cyclo demeure intacte, le défi actuel est de tourner, 24h durant, sur la piste de La Cipale. Les 18 et 19 juin, on l’a dit.

Avec l’intention de couvrir au moins 1200 tours sur cette boucle non couverte de 500 km. Soit 600 bornes.

25) L’homme est aguerri, mais il lui faudra vaincre les difficultés. Dont celles surmontées durant les 12h qu’il a déjà réalisés en 2008 avec un record de 360,8 km.

Donc tenir le 30 km/h alors qu’il souffrait, entre autres, des voûtes plantaires.

Ce n'est pas gagné d'avance!

26) Tentative, en solitaire sur la piste, de 24h qui se fera selon les règles de l’éthique et de santé et dans un contexte sportif amateur. Sans but ni intérêt lucratifs.

Mais avec l’intention de collecter auprès de parrains supporters de quoi offrir 3 tandems pour la Section Tandem des Auxiliaires des Aveugles de la Région Parisienne (STAARP).

27) Ceci, en espérant que le kératocône de Jean Michel n’évolue pas irrémédiablement. Ou pas trop vite.

Le kératocône correspond à une déformation de la cornée. Celle-ci s’amincit progressivement, perd sa forme sphérique normale et prend une forme de cône irrégulier. Cette déformation engendre des troubles de la vision et se manifeste par une vue brouillée et déformée et une mauvaise vision de loin.

31) « Il l’a fait ! » Jean Michel a même rajouté 43 km (soit 86 tours) qu’il comptait parcourir en 24h, sur la piste de la Cipale, dans le Bois de Vincennes à Paris.

32) Soit 645 km en 1286 tours avec un pignon fixe doté d’un braquet de 46x17.

Les conditions atmosphériques n’étaient pas des plus favorables avec du vent soufflant parfois en rafales et une heure de pluie au petit matin.

Mais pas de chaleur.

33) « J’ai bien fini, témoignera Jean Michel, cependant la fin de nuit a été difficile car j’ai souffert à la voûte plantaire comme redouté.

En descendant bien le talon, la douleur a disparu. Je n’ai pas eu d’autres problèmes. »

34) L’ancien pro Carlos De Cruz, en compagnie de Dalila Hélimi, représente la Française des Jeux qui soutenait le projet et félicite le courageux sportif du jour.

35) Pour Jean Michel le plus beau résultat était d’avoir pu gagner les moyens d’offrir 3 superbes tandems à la STAARP, section Tandem des Auxiliaires et Aveugles de la Région Parisienne.

Parmi les admiratifs et connaisseurs, à droite, le Président FFCT Dominique Lamouller.

36) Au micro et devant la caméra de France Télévision, pour l’émission Tout le Sport, Jean Michel va rappeler qu’il souhaitait :

« démontrer qu’à 57 ans et en parfaite santé on peut pédaler longtemps en endurance et sans problème ».