Parmi ces cyclos intègres, de fortes personnalités qui oeuvrent pour la pérennité des valeurs et du paraître d’un certain cyclotourisme d’antan. D’où une confortable ( ?) « randonneuse » équipée pour l’autonomie, un costume ignorant les couleurs criardes et surtout la publicité ainsi qu’un état d’esprit tranquille, débrouillard, curieux et convivial.

En 1998 Abel Lequien avait réuni ses amis lecteurs, sinon ses disciples, à Auxi le Château (62) pour une concentration ensoleillée et pleine d’amitié. Ce fut pour moi l’occasion d’un retour aux sources et d’un rappel sur la variété des ressources du cyclisme de loisir. Autant le dire de suite, je suis un « Ami du Randonneur » quand il nourrit (souvent) l’esprit du cyclo en recherche, mais je me méfie de la revue qui (parfois) s’adonne au culte de la personnalité et au dénigrement du cyclisme des autres.

01) Culte ou pas, force est de reconnaître que le cyclotourisme d’Abel fut et reste exemplaire. Le Randonneur plus que parfait puisque sa pratique entraîne les autres au bonheur. En 1998 il invita chez lui, à Willencourt près d’Auxi le Château, pour une concentration qui n’allait pas rester sans lendemains.

02) Les Amis du Randonneur sont des « sacochards », terme revendiqué par les premiers intéressés. La sacoche de guidon, voire celle du porte-bagage et même les deux sacoches latérales, sont la marque de l’esprit autonomie. Dans l’ordinaire, la sacoche de guidon est déjà pratique pour qui roule à la carte.

03) « A l’attaque » voilà une expression bannie chez les Amis du Randonneur qui la réservent à la pratique des « couraillons », pédaleurs écervelés sur des vélos tout nus. Ici l’esprit est au tourisme et le corps de la machine bien enveloppé.

04) La participation à la Concentration des Amis du Randonneur n’exclut pas d’être membre d’un club qui participe aux brevets ou rallyes du dimanche matin de la FFCT ou de l’UFOLEP. « Ici, la pratique est conviviale, voire familiale » vous expliqueront les cyclos du Randonneur Club Marcq en Baroeul.

05) La pratique conviviale des Randonneurs en Concentration favorise la participation familiale. Vous verrez des remorques pour les très jeunes mais aussi des tandems. Mixtes bien entendu.

06) A force de grimper pour sortir d’Auxi le Château nos bons cyclos sont arrivés au col des Six Chemins. Bon prétexte pour poser les machines et faire la pause. Des machines dites « randonneuses » dont la fabrication relève parfois de la haute couture. A preuve ce cher vélo de chez Follis, (qui pourrait être fourni par les Cycles Vincent, avenue de Dunkerque à Lomme) avec son garde boue bardé d’auto-collants : Diagonales de France, Confrérie des 650…

07) Quand on parle des « 650 », l’Apôtre rapplique. Personnage devenu légendaire de son vivant, Henri Bosc est universellement connu dans le cyclotourisme hexagonal. D’abord à cause de son implication (ex-vice-président de la FFCT), à cause de sa pratique (tous les grands Brevets, Tour de France inclus) mais aussi à cause de ses prêchi-prêchas (sur les valeurs et les machines traditionnelles) et de ses bonnes intuitions. Le vélo-randonneur 650B n’a pas à disparaître.

08) Une photo volée à la couverture du Randonneur (N° 20) de septembre 2002. Elle illustre la fameuse expression: « Avec les vivres tirées du sac » pour annoncer le pique-nique. Comprenez que les barres énergétiques, qu’on déballe tout en roulant, ne sont pas au menu des Amis du Randonneur.

09) Le lieu du pique-nique est magistralement choisi. Ici c’est devant le moulin à eau de Maintenay, dans l’admirable vallée de l’Authie. Tout proche de l’abbaye de Valloires.

10) C’est d’ailleurs vers cette abbaye que le groupe repart en début d’après-midi. Sous la conduite d’Abel, ici escorté par Claude Raffenne. Voilà un autre maître. Pour la qualité de son tourisme à bicyclette certes, mais aussi pour la qualité de ses clichés photographiques. C’est souvent dans sa collection que puise Cyclotourisme la revue de la FFCT pour sa 4e de couverture.

11) Mais que vois-je ? Sur la 1ère de couverture de Cyclotourisme (N° 519) de Novembre 2003 c’est une photo prise le même jour et dans la même montée (avec le même arbre) que mes photos 3 et 4. Or la photo est de Claude Raffenne, pas de moi. Voyez son flou artistique en avant plan, la force randonneuse du premier plan et la joyeuseté exprimée par les cyclos de l’arrière.

12) Pas triste non plus, à gauche, Philippe Henry qui a la « carrure » d’un futur président de la FFCT. D’une part il est capable de vous doubler en pleine côte alors qu’il traîne la remorque… des jumeaux (madame, en tandem avec l’aînée n’est pas loin !). D’autre part il est déjà président de Ligue FFCT en Champagne-Ardennes. Enfin il organise la rubrique « Souriez, vous écrivez » dans Cyclotourisme.

13) En matière de joyeux luron randonneur, voyez l’ancien Président de l’Amicale des Diagonalistes de France, « Eddius invétéré », qui gagna sa croûte dans l’onomastique (étude de l’origine des noms propres pour les ignorants !). Aux côtés du Languedocien Paul Fabre, donc à droite sur la photo, le regretté Lorrain Daniel Mercy (+ 1999) était un cyclotouriste dans l’âme. Avec le matériel, les vêtements et l’esprit.

14) Voici donc la couverture du N° 20 du Randonneur avec une photo (E. Artigas) devant le château de Montmuran. Une manière d’évoquer la 6e Concentration Nationale (réservée aux lecteurs du Randonneur) qui aura lieu du 20 au 23 mai 2004 au Buisson de Cadouin, en Dordogne. Voir les coordonnées du Randonneur sur le site préparé par Dominique Pacoud figurant dans nos liens.

15) Revenons à ceux qui roulent. Amis du Randonneur, joyeux et pleins d’entrain, nous sommes rentrés à Auxi le Château. Moi sur mon vélo course, adapté par la sacoche de guidon. Les autres sur la Randonneuse des Randonneurs. A eux de décrire leur bonheur, sans nous prendre pour cibles.