01) A Bouvines, le 27 Juillet 1214, le roi capétien Philippe Auguste l’emporta sur une coalition menée par l’empereur germanique Othon.

Dans le cadre des préparatifs de son 8e centenaire, un circuit des 3 Batailles (dont celles de Bouvines) avait été proposé aux cyclos en juillet 2011.

02) Cette victoire du roi est considérée comme première manifestation de la conscience nationale française.

A Bouvines on s’en souvient d’autant mieux que 21 vitraux (classés) de l’église relatent les différentes phases de la bataille.

Sur le côté de la Mairie une table d’orientation a été dressée.

03) Bouvines est aussi terre de cyclisme avec sa plaine empruntée par le final des Paris-Roubaix.

Le maire de Bouvines, Alain Bernard, aussi attaché au vélo qu’à sa commune, se fait un plaisir d’accueillir une « étape » des semaines lilloises CitéPhilo.

04) Il accueille dans sa mairie trois conférenciers aussi savants que cyclistes.

A savoir Charles Capet, professeur de philosophie à Saint-Martin-Boulogne et organisateur de la conférence, Jean François Balaudé, professeur de philosophie à Paris-Nanterre, et Xavier Garnotel, docteur en anthropologie à Aix Marseille.

05) La conférence étant soutenue et promue par les Amis du Paris-Roubaix, l’espace Jean Noël est occupé par une assistance attentive de plus de 60 personnes.

On va voir ou entendre ce que CitéPhilo fait du vélo.

06) Pour répondre au thème de l’Art de Faire, Charles Capet, doctorant en philosophie et cyclotouriste, a retenu le sujet du « Cyclisme comme exercice spirituel » qu’il complète du sous-titre : « de l’affûtage du muscle au supplément d’âme ».

07) Il explicite les propos des trois intervenants : « Dans la pratique cycliste l’esprit est tout entier au service du corps et le corps se fait pur mouvement et pur souffle. »

On a trop transpiré dans des pédalées homériques … pour prétendre le contraire, mais en bon cyclo ( ?) il nous manque la dimension culturelle du cyclisme de loisir !

08) Xavier Garnotel, à la fois docteur en Anthropologie à Aix-Marseille et professeur d’EPS (Education Physique et Sportive) après avoir été coureur élite sans contrat, complète le propos :

« L’effort et la recherche de la performance donnent accès à un plan d’existence exceptionnel ».

09) L’étudiant étant mordu de vélo, sa thèse de doctorat avait pour thème : « Le peloton cycliste. Ethnologie d’une culture sportive ».

Ce qui donne le titre d’un ouvrage publié aux éditions Harmattan.

10) De peur que son esprit s’égare, le président des Amis du Paris-Roubaix, François Doulcier, retient son souffle :

« En pensant le vélo, cette table ronde décrit ce qu’on appelle penser à vélo. »

11) Dans l’assistance, l’ancien pro et inoxydable organisateur Philippe Crépel n’en pense pas moins.

Même si sa préoccupation du moment est la mise en route d’un nouveau Lille-Hardelot pour fin mai 2012.

12) Intervient alors Jean François Balaudé, professeur de philosophie et directeur de l’UFR PHILLIA à l’Université Paris-Ouest Nanterre La Défense et désormais « maître ès cyclosportives ».

Spécialiste d'Epicure et de philosophie ancienne avec une dizaine d'ouvrages publiés, il a signé : « Haute Intensité. Une approche philosophique du cyclosport » dans le collectif " Activité physique et exercices spirituels : essais de philosophie du sport " (Vrin)


Ainsi les lectures philosophiques du cyclosport croisent-elles les anthropologiques.

13) Sa pratique intense des cyclosportives lui a donné l’occasion de réfléchir philosophiquement sur le cyclisme.

Il en déduit que la pédalée permet d’acquérir des niveaux d’expérience hors norme.

D’où « l’affûtage du muscle [conduisant] au supplément d’âme ».

14) La salle a été tellement attentive que les interventions vont fuser.

Presque toujours pour soutenir les propos énoncés à partir d’un ressenti et d’un vécu cycliste.

Ainsi le maire de Bouvines se reconnaît bien … en « corps pensant » et … dépensant.

15) Bien campé dans le cyclisme de compétition de haut niveau, Philippe Crépel évoque le rôle de l’équipier qui se met, corps et âme, au service du leader.

Parce qu’il assume, comme tout un chacun, son rôle dans la société.

16) Pour Daniel Lusiak, promoteur entre autres du Circuit des 3 Batailles, la réflexion porte sur les « oreillettes » qui sont peut-être contraire au libre arbitre du compétiteur.

17) Spinoza prétendant que « Rien ne peut arriver dans le corps qui ne soit reçu par l’esprit » après Platon expliquant que « L’âme et le corps doivent s’équilibrer et non se dominer l’un l’autre », la question ramène au terre à terre :

« Ne faut-il pas aussi que l’homme fasse corps … avec sa machine ?».

Revoilà le vélo, objet de tous les soins.

18) L’Audax Tournai Hubert Couplet n’est pas un « compétiteur » cycliste, mais son cyclotourisme l’a véritablement initié :

« Réussir, en puisant autant dans mon intelligence que dans mes forces, un Paris-Brest-Paris m’a montré que je pouvais aussi réussir dans la vie. »

19) Le docteur Pierre Vandewalle connaît assez le cyclisme de compétition pour soutenir que le cyclotourisme conduit plus directement à la spiritualité :

« Si Jalabert avoue ne pas avoir eu le temps de regarder les paysages, le cyclotouriste arrive au sommet en qualité de corps pensant méditatif. »

20) Les intervenants précisent leur propos. Quitte, par exemple, à reconnaître qu’on ne connaît pas de champions de la pensée qui soient aussi des champions de la pédalée.

« Parce qu’ils réfléchissent … trop ! A force de tergiverser, il m’arrive de louper la bonne échappée ! » explique Jean François Balaudé.

21) L’accent a été mis sur la culture cycliste sportive du fait de la personnalité et de la pratique des intervenants.

Reste à prévoir une conférence sur le cyclotourisme dont la pratique idéale, selon mon moi philosophant (!), s’appuie sur le sport, la santé … et la culture.

22) Parmi les livres exposés les incontournables évocations du Tour de France manquaient des ouvrages sur Paris-Roubaix.

23) En fait il s’agissait surtout de présenter les publications des intervenants et ainsi permettre d’aller plus loin dans la réflexion.

24) A priori très ardue, la conférence sur l’Art de Faire … du cyclisme, aura été aussi plaisante qu’instructive.

Le mérite en revient à Charles Capet qui nous a offert les éclairages avisés de Jean François Balaudé et de Xavier Garnotel.